Méthode et approches de la pratique du clown
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A qui s’adressent nos stages et ateliers « pratique du Clown » ?
Ces stages et l’atelier sont une invitation à l’aventure clownesque (avec et sans nez rouge). Ils ne supposent aucun pré-requis et s’adressent à celles et ceux qui souhaitent aller à la découverte de l’esprit et du jeu clownesque ou poursuivre leur pratique du clown.
Nous tenons beaucoup à ce que, au sein des stages, puissent explorer ensemble, des professionnels du spectacle et des non-professionnels, celles et ceux ayant une pratique du clown et d’autres qui font leur première expérience.
Ainsi, peuvent se rencontrer des personnes venant de tous horizons : comédiens, musiciens, circassiens, danseurs, metteurs en scène, clowns… mais également des enseignants, des thérapeutes, des plasticiens, diverses professions artistiques ou non, …ou non, des costumiers, des serveurs, des professionnels du bâtiment, des sportifs, des professionnels de la santé, des ingénieurs, des coachs, des managers, des informaticiens, des écrivains, des cuisiniers, des jardiniers…
Notre approche du clown
Le CLOWN EST acteur, auteur et metteur en scène de ses perceptions, de ses rêveries, de ses thématiques, de ses tendances, de ses aspirations singulières.
Il peut se révéler incongru, sensible, naïf, critique, brillant, espiègle, tendre, ridicule, féroce, sauvage, révolté, triste, minable, ultra authentique, escroc, manipulateur, confus, destructeur, drôle, artificiel, illusionniste, cruel, paresseux, timide, stupide, blagueur, héroïque, etc, etc.
Le merveilleux outil de liberté, volontiers transgressif, qu’est le clown invite à explorer et donner corps, rythme, couleurs à la singularité et la multiplicité de chacun. Du simple mouvement d’humeur à la complexité d’attitudes plus développées.
La démarche du clown est révélatrice de toutes sortes de failles, d’oppositions, de tensions entre l’être social et le monde des pulsions, entre la raison responsable et les passions improductives, entre la volonté et ce qui échappe, entre ce que l’on donne à voir et ce que l’on aimerait cacher, entre le rêve et la réalité…
Il s’empare volontiers des travers, des fragilités, des conflits, des habitudes, des automatismes de la nature humaine pour y projeter son rire, son regard décalé et critique.
C’est également un surprenant instrument de développement personnel, qui aide chacun(e), de manière créative, à mieux identifier ses sensations, ses peurs, ses désirs, ses besoins essentiels. Il permet également de mieux accepter, de mieux comprendre et mettre à distance ses émotions, mais aussi ses blocages qui peuvent empêcher de surmonter une situation difficile de la vie quotidienne.
Par le rire et le jeu, il permet un équilibre harmonieux entre les différentes facettes de sa personnalité et restitue à chacun une relation plus authentique aux autres et à son environnement.
Les chemins qu’il emprunte nous invitent à….
- …Réinventer poétiquement, ludiquement le corps, les objets, l’espace, les images de soi, la présence aux autres…
- …Oser le temps du jeu, du rien, du peu, le fragile, le naïf, la maladresse, l’échec, le « bide », le faux, l’idiot, l’extravagant, le nul.
- …Redécouvrir que le chemin importe plus que le but.
- …Trouver la distance juste pour qu’émerge la spontanéïté.
- …Prendre plaisir à transformer une faiblesse personnelle en allégresse et joie partagée.
- …Redonner corps à cette part d’enfance libre et impertinente.
- …Reconnaitre une émotion, un état d’âme et en jouer.
- …Offrir et donner à voir dans l’instant ce qui me traverse.
- …Laisser l’entièreté du corps raconter ce qui ce vit.
- …L’audace, l’écoute, l’observation de soi, des autres et du monde.
- …Tout redécouvrir de ce qui échappe (geste, son, démarche, expression…), afin de s’en ressaisir pour pouvoir en rire et construire à partir de là.
- …Se laisser guider par les sensations, ouvrir l’imaginaire, oser les métamorphoses.
- …S’interroger sur la provenance et la nature du rire.
- …Perdre et retrouver le fil, ou pas…
Quelle méthode ?
A partir d’exercices ludiques et l’apprentissage de techniques, on aborde l’improvisation, les règles de jeu, qui permettront un langage commun, l’émergence de la singularité de chacun(e) et l’exploration du potentiel humain de chacun(e) qu’offre la mise en jeu clownesque.
Notre approche consiste à expérimenter les relations au corps, au partenaire, à l’objet, à l’espace, au public. Elle propose d’ouvrir la sensibilité, la conscience à ce qui surgit dans l’instant, de donner à voir le chemin que cela fait en soi. Elle invite à se ressaisir de ce qui échappe, ce qui survient d’imprévu, afin de lui donner corps et orientation.
Quelques exercices détaillés dans la boite à outils du clown :
Le Chœur :
Le choeur est un dispositif aux règles strictes où sont mises en jeu les forces, les énergies qui traversent les participants. Il permet la concentration et l’assimilation de certains codes en vue d’une plus grande conscience de soi, de l’espace, du ou des partenaires et du public. Cet exercice engage dans un premier temps, une présence « neutre » et joue sur les oppositions équilibre-déséquilibre, économie-excès, ruptures-continuité, anticipation-accident.
Concrètement, le choeur est composé d’un cercle tracé au sol (espace des propositions) et d’un arc de cercle au fond du plateau (espace qui figure les coulisses).
Tout étant codifié, il n’y a rien à faire d’autre que de se rendre en coulisse, en choisissant le chemin le plus direct… Il faut regarder avec tout le visage, séparer chaque geste, chaque regard (car chacun fait signe). Il faut suspendre le mouvement pour envisager chaque évènement extérieur (partenaire, public). Il s’agit d’être le plus clair possible dans les attitudes qui sont prises. Décomposer le temps que l’on accorde à chaque mouvement et être à l’écoute de ce qui se produit en soi.
Ensuite, il s’agit de se placer autour du cercle de manière à respecter un principe d’équilibre. Chaque mouvement a lieu dans la plus complète neutralité d’expression (corps et visage). Ce qui n’est pas neutre – prélude au jeu – est répété deux fois.
Une fois dans le cercle – on y pénètre selon un protocole strict de relai et d’observation – il s’agit tour à tour pour chacun, de donner corps à des propositions, pouvant aller du simple pas à la danse, au chant, au récit ou autre, tout en privilégiant l’instant présent.
Il faut tenter de « tenir le fil » de ce qui est mis en jeu tout en intégrant les évènements qui surgissent en chemin. (émotions, sensations, images, souvenir, impulsions, etc.)
Cette première approche permet de s’engager dans le jeu sans avoir à « jouer » quoi que ce soit, de développer la concentration, l’acuité aux petits détails, la mémoire et de prendre conscience pour chacun de son rapport au temps, à l’espace, aux autres, aux évènements, au public.
L’étirement :
Cet exercice insiste sur la nécessité d’exagérer le geste, les sonorités de la voix, etc., afin de définir plus profondément leur nature, et leur provenance. Redéfinir une image du corps, en altérant le comportement habituel, en vue de provoquer des métamorphoses, et de dégager des postures clownesques.
Le positionnement clownesque tend à valoriser les détails apparemment insignifiants, à débusquer les mouvements anodins. Jouer avec certains silences, certaines maladresses, avec les accidents, les difficultés, les dysfonctionnements.
Mettant une loupe sur ce qui surgit, il faut tenter d’en écouter la nature, afin de l’explorer, en l’exagérant, le répétant, jusqu’à ce qu’il prenne corps, dans l’excès.
Cela conduit à donner à voir des styles de comportement à la palette enrichie, des ruptures de ton, de rythme et une grande variété de postures, pouvant aller du dénuement, de la plus grande fragilité à une exubérance, une excentricité ou un aplomb fantastique.
Le Relai ( ping-pong) :
Le point de départ de cet exercice est la seule présence des protagonistes. Il n’y a rien à faire ou à vouloir jouer. Délivrés des intentions, des idées, ou de toute action à accomplir, il s’agit de s’ouvrir à une grande écoute de l’autre et de ce qui circule entre les deux, de ce qui les traverse et le chemin que cela fait dans le public, qui est le troisième partenaire.
A tente une proposition face public, ensuite passe le relai, puis « suspend » tout en restant investi, encore habité de la proposition. A présent, il soutient l’autre de son regard.
B prend le relai et donne à voir au public la résonnance en lui de la proposition de A, puis revient à A et engage sa proposition, suspend, passe le relai à A, qui poursuit sa proposition, enrichie, altérée ou amplifiée par celle de B. La proposition se développe ainsi face public, jusqu’à ce que les protagonistes l’orientent vers une fin et une disparition en coulisses.
Cet exercice suggère à chacun(e) une grande disponibilité à l’imprévisible, une faculté d’accueil pour tout ce qui surgit et se propose dans l’instant. Il ne vise pas pour autant un souci d’efficacité, et il n’est pas besoin d’avoir du « répondant ».
Il s’agit d’entrer en contact avec l’autre à partir des signes qu’il émet, des sons et gestes envisagés comme un langage à déchiffrer, et non d’après l’idée que je m’en fais ou un système de représentation.
Il s’agit d’être à l’écoute de ce qui circule comme matière, énergie, et du chemin que cela fait en soi (sensations, images…), afin de le laisser résonner et de l’offrir au public.
Le Point de vue :
Exercice à l’intérieur duquel se donnent à voir une multitude de regards sur ce qui a lieu, le partenaire, le public, le monde.
Cela permet de ne jamais se laisser enfermer dans l’action, la parole, l’émotion ou l’idée. Tenter de rester ouvert, d’être à l’écoute du moindre signe émanant de soi, du partenaire ou du public, qui pourrait offrir une autre piste de travail.
Pouvoir sortir d’une tentative, d’un moment vécu, et énoncer le point de vue que l’on a sur ce qui vient de se produire ( matière et jeu). S’en ressaisir comme d’un évènement extérieur à soi, et porter un éclairage critique.
Cette attitude produit elle-même un personnage, un positionnement, une situation sur laquelle il s’agira ludiquement de porter un regard. Et ainsi de suite pour chaque moment, chaque tentative, créant ainsi un réservoir de postures multiples et disponibles.
Il s’agit là de développer l’aspect double de l’attitude clownesque : d’une part, une vivacité instinctive, mettant en éveil tous les sens, et donnant libre cours, spontanément, à tout ce qui peut advenir comme émotions, images, sensations, fantaisies… et d’autre part, une dimension de recul critique qui implique de développer une plus grande conscience de ce qui est mis en jeu.
Ce qui a lieu dans l’ « après-coup », dans le temps de la résonance, est une des matières dont se nourrissent les tentatives clownesques.
Volontaire ? Involontaire ? :
Il s’agit ici de distinguer après-coup ce qui, dans une tentative quelconque, était volontaire, intentionnel, et ce qui était fortuit, involontaire. Les gestes, les regards, les intonations, le rythme, tout ce qui compose la présence est remise en jeu. Chaque mouvement tente d’être ressaisi dans sa provenance et sa finalité.
Cela permet de porter un éclairage sur les « coulisses » du comportement. De donner à voir les procédés employés, plus ou moins consciemment pour communiquer quelque chose. De révéler ce qui sous-tend une proposition (les volontés cachées) et mettre en jeu les artifices liés au fait d’être sur scène, devant un public. (Ce qui est mis en œuvre pour capter l’attention : les procédés de la représentation).
Une valeur particulière est accordée à ce qui échappe, ce qui s’est manifesté malgré soi (oublis, déséquilibres, absences, incongruités diverses, bégaiements, actes manqués, lapsus, actes manqués, trous dans le discours, parasitages sonores, manifestations du public, irruption d’un partenaire, etc.), afin de s’en ressaisir, de l’explorer et de redéfinir la tentative à partir de là.
L’imitation :
Cet exercice propose à chacun de développer une sorte de « mémoire empathique », ainsi qu’une prise de conscience immédiate de sa façon de recevoir l’autre et des possibilités de lui restituer la perception qu’il en a. Cela permet également de découvrir la perception que l’autre a de soi, de surmonter la gêne et l’inquiétude liées au fait d’être imité(e), de lutter contre les susceptibilités, les jugements.
Les tentatives nulles :
A l’intérieur d’un dispositif d’apparitions et de disparitions, aux lois relativement strictes, il s’agit de tout mettre en œuvre pour rater une tentative. ( Venir chanter, danser, raconter une histoire, faire un discours, manipuler des objets, etc.). Une sorte de scénographie de l’échec où l’accident, l’erreur, l’oubli, le ratage sont prémédités.
De cette tension entre l’effort pour tenter quelque chose et le ratage systématique, surgit le nul, le risible, dimensions éminemment clownesques.